JACOB-NICOLAS MOREAU ET SON «MÉMOIRE SUR LES FONCTIONS D'UN HISTORIOGRAPHE DE FRANCE »
Pourquoi 1' «avocat Moreau », comme les contemporains se plaisaient à appeler Jacob-Nicolas Moreau, a-t-il rédigé ce mémoire? Tout d'abord, il paraît facile de concevoir qu'un titu¬ laire de la fonction d'historiographe fît sur sa fonction des réflexions qui lui étaient propres. Mais nous devons constater avec surprise que, parmi ses illustres prédécesseurs, au moins pour le 18e siècle, aucun n'a exprimé la moindre préoccupation, semble-t-il, à propos de la charge qu'il avait à remplir — à une exception près : Voltaire. Il est donc évident que, pour les autres historiographes, une telle question ne se posait pas; ils concevaient leur rôle de la même manière que leurs prédécesseurs. L'épithète d'avocat donnée com¬ munément à Moreau nous met sur la bonne voie, et, en fait, l'es¬ prit systématique et pour ainsi dire codificateur de l'historiographe ne se dément pas dans ce mémoire.
Aux yeux de ses contemporains, la carrière de l'avocat Moreau était brillante, et il convient d'en rappeler brièvement ici les dif¬ férents échelons qu'il a gravis sans difficulté. La haine marquée par le parti philosophique et la condamnation comme adversaire, prononcée par ce parti, ont fait tomber sa réputation dans un oubli complet, bien qu'il ait joui d'une certaine célébrité.
Issu d'une ancienne famille de robe 1 de Saint-Florentin (Yonne), où il naquit le 20 décembre 1717, Jacob-Nicolas Moreau a fait ses études de droit à Paris et a été reçu avocat en 1741. Son père avait entretenu de bonnes relations avec le Chancelier d'Aguesseau. Pendant les deux dernières années de ses études, l'étudiant en droit fut aussi précepteur des petits-fils du Chancelier d'Aguesseau.
1. C. Hermelin, Histoire de la Ville de Saint-Florentin, Paris, 1912, t. I, p. 336-346. L'historiographe de Saint-Florentin y décrit le rôle que les Moreau ont joué au 18e siècle comme notables.
DIX-HUITIÈME SIÈCLE IV
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