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La reconfiguration des universités selon l'OCDE

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Économie du savoir et politique de l'innovation

Fait partie d'un numéro thématique : Entreprises académiques
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Pierre Milot

La reconfiguration des universités selon l'OCDE

ÉCONOMIE DU SAVOIR ET POLITIQUE DE L'INNOVATION

our être en mesure de comprendre le mouvement international de redéfinition du rôle de l'enseignement supérieur auquel on assiste depuis les années 1990, et que l'on situe généralement dans le contexte de la mondialisation, il faut prendre en compte la place prise par l'OCDE, d'une part, parmi les organisations internationales et, d'autre part, au sein des gouvernements qui en sont membres. L'économie du savoir et la politique de l'innovation qui lui est associée sont étroitement liées, dans tous les rapports de l'OCDE, à une reconfiguration majeure de la place des universités dans la mondialisation de la production, de la diffusion et de l'utilisation des connaissances.

Depuis la parution, en 1996, d'un rapport de l'OCDE intitulé L'Économie fondée sur le savoir, le concept d'« économie du savoir» a été standardisé dans l'ensemble des discours ministériels des pays membres de l'OCDE. Associé très étroitement à la notion de « nouvelle économie » (au point où certains documents de l'OCDE parlent de la «nouvelle économie du savoir»), ce concept normatif et performatif est progressivement devenu le paradigme des politiques publiques des pays de l'OCDE, et plus particulièrement de leurs «politiques de l'innovation». Ce rapport de l'OCDE fait partie d'une série dont la problématique récurrente mènera à la tenue de la première Conférence mondiale sur l'enseignement supérieur, organisée par l'UNESCO en 1998, à l'origine du mouvement international de redéfinition du rôle de l'enseignement dans «l'économie du savoir». En analysant ici ces documents, nous voulons rendre compte des différentes modalités de production et de diffusion internationale du concept d'économie du savoir que l'on peut

cer aussi bien dans les multiples rapports et forums des organisations internationales (dont l'OCDE, l'UNESCO, la Banque mondiale et l'Union européenne) que dans les discours ministériels des pays membres de l'OCDE1.

Une redéfinition internationale de l'enseignement supérieur

En 1989, la Table ronde des industriels européens, un think-tank chargé de conseiller la Commission européenne, publiait un rapport sur les politiques de l'éducation proclamant que le développement technologique des entreprises exigeait une rénovation accélérée des systèmes d'enseignement et de leurs programmes de formation. On y déplorait le fait que l'industrie n'a qu'une très faible influence sur les programmes d'étude, ce qui, selon le rapport, ne pouvait que nuire à la réussite future des entreprises. En 1993, un livre blanc de la Commission européenne, intitulé Croissance, compétitivité et emploi, faisait le constat statistique que le « changement radical » des modes de production, d'échanges et d'investissements des économies européennes avait bouleversé les marchés, provoquant du même coup un taux élevé de « chômage structurel » et une « déqualification croissante» des compétences. De sorte que, pour faire face à la situation, il fallait revoir «les modes d'offre et de participation» dans le champ de l'éducation et de la formation2. La question des «nouvelles compétences » (le « personnel hautement qualifié ») nécessaires à un marché du travail confronté au « changement radical » induit par les « nouvelles technologies » donnera régulièrement lieu à ce type d'enquêtes comparant la situation de l'emploi des pays de l'Union européenne avec celles des États-Unis et du Japon.

En 1994, dans un document qui fera date, la Banque mondiale déclare avoir constaté que l'enseignement supérieur était «en crise dans le monde entier3». Cette «crise», expliquent les auteurs, aurait été causée par les facteurs suivants: un nombre toujours plus élevé de jeunes ayant terminé leurs études secondaires, associé à une forte croissance de la demande pour l'enseignement supérieur; une nette tendance de l'ensemble des coûts de l'enseignement supérieur à augmenter beaucoup plus vite que les coûts de l'économie (dont ceux de la technologie) ; une pénurie croissante des ressources publiques induite par la diversité des besoins auxquels les gouvernements doivent faire face (de la santé à l'environnement en passant par la lutte contre la pauvreté et le maintien de l'ordre) ; enfin, un mécontentement général du public à l'égard de la rigidité et du manque d'efficacité des politiques publiques. Pour juguler cette crise mondiale, stabiliser le marché du travail et celui de l'enseignement supérieur, un des experts de la Banque mondiale, Jamil Salmi (membre du comité editorial de la revue Higher Education Management publiée par l'OCDE), pose un diagnostic qui reviendra sans cesse dans les rapports et les colloques des organisations internationales : « La méthode la plus efficace réside dans une stratégie de diversification des établissements par laquelle la demande sociale d'enseignement supérieur est gérée par la mise en place de diverses institutions moms coûteuses qui se différencient sur le plan des tâches, des formations et des prestations4. »

C'est dans ce même esprit de rationalisation de la gestion de l'enseignement supérieur, afin d'en assurer «l'efficience et l'efficacité » , que la Commission euro-

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