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La nature dans la cité

[article]

Année 2003 74 pp. 5-18
Fait partie d'un numéro thématique : Bienfaisante nature
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Françoise Dubost et Bernadette Lizet

La nature dans la cité

De l'hygiénisme au développement durable

« Bienfaisante nature » : le titre peut sembler paradoxal quand nous savons aujourd'hui notre planète à la fois « menacée et menaçante1 ». Mais c'est bien de cette conscience nouvelle qu'est né en réaction le développement durable, idée popularisée lors du sommet de Rio de Janeiro en 1992 et qui ne cesse depuis d'occuper la scène politique et médiatique. Dans cette utopie fondée sur les vertus s thérapeutiques de la nature on trouve le thème récurrent de l'hygiénisme : restaurer le lien entre l'homme et la nature pour guérir les maux engendrés par la civilisation urbaine et industrielle. L'objet de ce numéro est de poursuivre ce parallèle, de montrer ce qui reste d'une idéologie à l'autre et ce qui change. Point commun, le rôle essentiel joué par les éléments naturels — le végétal, l'animal, l'eau, l'air, le soleil, la lumière - dans les politiques urbanistiques et sociales. Des études déjà nombreuses ont montré l'inspiration hygiéniste des programmes d'amélioration de l'ordre et de la santé publiques sous le Second Empire et la Troisième République, qu'il s'agisse de l'invention des parcs urbains, des jardins ouvriers, de la banlieue verte, des cités-jardins, ou du développement, des cures thermales et des cures de montagne 2. Trois terrains de recherche inédits présentés ici montrent qu'à cette même inspiration hygiéniste se rattachent l'avènement de l'hippophagie, l'apparition du naturisme et la création des espaces verts dans les grands ensembles.

D'une idéologie à l'autre, le vrai changement correspond à la mode de l'écologie urbaine3. L'idée que les ressources naturelles sont fragiles et pas forcément renouvelables suscite, sous la bannière du développement durable, des initiatives nouvelles. A la volonté de gérer les tensions sociales s'ajoutent l'idée d'un nécessaire changement des relations entre l'homme et la nature et l'obligation de réparer la nature pour qu'elle retrouve son rôle réparateur. Un vigoureux militantisme associatif se réclame aujourd'hui de l'unité du vivant, de la solidarité de destin entre les hommes, les

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