Laurent BATSCH*
Maître de conférence en gestion à l'université Paris IX Dauphine Centre de recherche en gestion (CEREG), URA CNRS
LA DIVERSITE DES ACTIVITES DES GROUPES INDUSTRIELS
UNE APPROCHE EMPIRIQUE DU RECENTRAGE
Introduction
L
e thème du « recentrage sur le métier » des grandes firmes semble relever d'une évidence commune. Il est pourtant à plusieurs égards paradoxal.
Premier paradoxe : comment concilier l'affirmation d'une sorte de retour aux réalités productives (inclus dans le « recentrage ») d'une part, et l'idée également courante de la montée des critères financiers dans les comportements industriels (que traduirait l'essor des marchés de capitaux) d'autre part ? Ou encore : la valorisation financière des firmes industrielles est-elle étrangère à leurs choix stratégiques, et liée à l' auto-emballement des marchés financiers, ou reflète-t-elle dans une large mesure un processus d'accumulation fondé sur des politiques de croissance efficaces ? On sait que la gestion financière traite cette question du point de vue des marchés financiers, mais peut-elle se passer d'un diagnostic sur la base matérielle des performances financières ?
*
Deuxième paradoxe : tandis que le recentrage évoque la force de polarisation d'un centre, la littérature économique et de gestion souligne au contraire la fluidité des modes organisationnels. La concordance dans le temps de cette double évolution mériterait d'être analysée davantage, même si l'on sait qu'il n'y a pas incompatibilité entre l'unité d'activité d'une part, et de la diversification des modes de coordination d'autre part.
(*) Je tiens à remercier chaleureusement Mme Claude Reid, MM. Bernard Coutrot et Jean-Luc Morel, de la centrale des bilans de la COREF, qui m'ont permis de réaliser la mesure de l'entropie des groupes industriels.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 66, 4e trimestre 1993 33
