L'agriculture urbaine en Tunisie : espace relictuel ou nouvelle composante territoriale ? Le cas du Grand Tunis 1
Moez Bouraoui Ecole nationale supérieure du paysage de Versailles bmoez@hotmail.com
A
jtVu lendemain de l'Indépendance, en 1956, d'importants changements constitutionnels, législatifs, juridictionnels, économiques et politiques, mais aussi urbanistiques ont eu lieu en Tunisie. Au bout de quelques années (1957-1975), ils donnèrent une physionomie et une identité nouvelle à la plupart des grandes villes tunisiennes, telles que Sfax, Gabès, Sousse et, tout particulièrement, la ville de Tunis. Les changements qui ont eu lieu dans celle-ci se sont traduits notamment par l'extension fulgurante de son enveloppe urbaine. Ainsi, on est passé de Tunis, Capitale économique et politique, au Grand Tunis, « Capitale et Etat-Région » (Signoles, 1985).
Le Grand Tunis couvre aujourd'hui une superficie totale de 360 000 hectares et abrite le cinquième de la population tunisienne : près de 2 Millions d'habitants (Urbaconsult- Uram-Brammah, 1996). Son territoire est structuré autour de quatre unités administratives. Il s'agit des Gouvernorats de Tunis, couvrant la partie centrale (vieille ville et ville européenne et leurs faubourgs) et les communes de la côte Nord et Nord-Est, de l'Ariana, qui s'étend sur toute la partie Nord, de Ben Arous, couvrant toute la partie Sud, et, depuis seulement deux ans, de Manouba qui occupe toute la partie Ouest.
Le Grand Tunis représente la première agglomération tunisienne où le processus de périurbanisation a fait son apparition. Il est partout visible : implantation d'un habitat nouveau à l'extérieur de la ville ancienne, relocalisation périphérique d'équipements publics, extension de l'habitat libre et réglementé, etc.
Ce processus s'est enclenché à partir des années 1960 et, depuis 1975, s'est à la fois accéléré et diversifié, de sorte qu'il a modifié aussi bien la morphologie et l'organisation spatiale du territoire urbain tunisois que celui de la campagne qui l'entoure. Jusqu'à aujourd'hui, l'enveloppe urbaine du Grand Tunis ne cesse de s'étendre aux dépens des terres fertiles de la campagne tunisoise (Hamrouni, 1978).
1. Cet article est issu de la thèse de M. Bouraoui, « L'agriculture, nouvel instrument de la construction urbaine ? ENGREF et Laboratoire de recherches « Etude des politiques et pratiques de paysage » de l'ENSP de Versailles, 2000.
REVUE DE GÉOGRAPHIE ALPINE 2003 №4
